04 avril 2025

Summer Outlook : la vigilance déjà de mise au printemps pour anticiper les fluctuations de la production photovoltaïque

  • Depuis l’année dernière, en raison de la forte augmentation de la capacité belge en énergie photovoltaïque, le risque de surproduction d’électricité pendant les beaux jours où la consommation est faible a grimpé.
  • Cette année, Elia constate déjà ce risque au printemps, lorsqu’un ensoleillement important et imprévu est conjugué à une faible consommation d’électricité. 
  • Dans un premier temps, il revient aux acteurs de marché (les BRP) de garantir l’équilibre entre l’offre et la demande en électricité. Des prix négatifs apparaîtront sur le marché du déséquilibre.
  • Si les acteurs de marché ne parviennent pas à maintenir l’équilibre, Elia dispose de plusieurs outils techniques et mécanismes de marché pour intervenir elle-même si besoin.
  • Il reste vital de poursuivre le déploiement d’une solution axée sur la flexibilité, afin de soutenir le système et, ainsi, de stimuler la consommation ou de limiter la production si nécessaire. 

BRUXELLES | Au cours des mois à venir, il est possible, pour la deuxième année consécutive, que notre système énergétique se retrouve sous pression les jours où beaucoup d’énergie renouvelable est produite et où la consommation est faible. C’est ce qui ressort de la publication de notre Summer Outlook, dans lequel Elia examine les besoins d’exportation pour les prochains mois. Les panneaux photovoltaïques installés sur les toits belges représentent environ 11,4 GW de production, soit 4 GW de plus qu’il y a deux ans et 1,4 GW de plus que l’année dernière, ce qui peut entraîner un surplus d’électricité les jours de grand soleil où la consommation est réduite. Les acteurs de marché ont reçu ces informations afin de pouvoir se préparer au mieux à cette situation. Elia les appelle en effet à la vigilance. À terme, il est urgent de mettre au point une solution misant sur une plus grande flexibilité, en adaptant notre consommation en fonction des moments où une grande quantité d'énergie (bon marché) est disponible.  

Un risque pour la stabilité du réseau, pas pour l’approvisionnement

Nos prévisions estivales mettent en lumière le problème de l’incompressibilité, ou surproduction. Il s’agit d’une situation dans laquelle la production d’électricité est bien plus élevée que la demande, ce qui entraîne d’importants surplus d’électricité. Ce phénomène peut survenir en cas d’erreurs dans les prévisions météorologiques (et donc dans le calcul de la disponibilité des énergies renouvelables), mais aussi lorsque la consommation est faible et la production très élevée (surtout en été pendant les week-ends et jours fériés). En 2024, il a surtout fallu faire attention en été, mais cette année, la vigilance est aussi de mise au printemps. En cause : l’augmentation de la capacité photovoltaïque installée. À l’heure actuelle, une puissance de 11,4 GW a déjà été installée en Belgique sous la forme de panneaux photovoltaïques, dont la plupart sont décentralisés. Lors des pics, en fonction de l’orientation et d’autres limitations techniques, ces panneaux peuvent produire jusqu’à 9 GW d’électricité. Toute fluctuation météorologique, si minime soit-elle, a donc un effet important sur l’équilibre entre l’offre et la demande. Cela peut entraîner des prix négatifs et, si le déséquilibre se prolonge, on peut assister à une augmentation de la fréquence en Belgique et dans nos pays voisins. Cette situation impacte l’ensemble du système européen, et doit donc être évitée. 

Le marché joue d’abord son rôle

Dans un premier temps, il incombe aux acteurs de marché de veiller à l’équilibre entre l’offre et la demande. Pour ce faire, Elia leur fournit toutes les informations dont ils ont besoin. Ces prévisions estivales leur donnent déjà une première idée des défis qui se profilent. Elia suit la situation de près et, lorsque de nouvelles informations plus pertinentes sont disponibles, celles-ci sont immédiatement transmises aux acteurs de marché (via des messages et des avertissements à leur attention). Nous nous attendons également à des périodes de prix (fortement) négatifs sur le marché du déséquilibre. Dans ce cas, les acteurs de marché sont rémunérés pour interrompre leur production ou consommer. 

Elia intervient dans un deuxième temps si besoin

Lorsque les acteurs de marché ne parviennent pas à rétablir l’équilibre, Elia peut intervenir en activant toutes sortes de produits de flexibilité proposés par le marché, parmi lesquels les parcs éoliens offshore. Elia peut également demander l’aide de gestionnaires de réseau de transport à l’étranger. Dans des circonstances exceptionnelles, Elia peut procéder, par exemple, au délestage des grands parcs photovoltaïques ou éoliens onshore, y compris ceux raccordés aux réseaux des gestionnaires de réseau de distribution belges (mais pas des clients résidentiels).

La solution urgente à terme : la flexibilité

À l’avenir, le phénomène d’incompressibilité sera de plus en plus fréquent. C’est pourquoi il est important d’activer suffisamment de flexibilité dans le système. La flexibilité nous aidera en effet à compenser les phénomènes soudains (par exemple en cas d’erreurs dans les prévisions météorologiques), mais aussi à gérer les périodes caractérisées par une consommation faible et une production renouvelable élevée (actuellement, c’est surtout le cas au printemps et en été durant les journées ensoleillées). Adapter notre consommation en fonction des moments où une grande quantité d'énergie (bon marché) est disponible bénéficie non seulement au système, mais également aux consommateurs. 

Ainsi, un contrat dynamique récompense les consommateurs qui adaptent leur consommation à la disponibilité d’énergie renouvelable (bon marché), mais le contrôle des panneaux solaires à ces moments-là peut également offrir des opportunités. Elia voit également apparaître sur le marché de nouveaux produits de fournisseurs (de flexibilité), qui activent une flexibilité décentralisée en influençant le comportement des consommateurs. Il est par exemple déjà possible de charger sa voiture électrique à moindre coût pendant les périodes d’énergie renouvelable abondante. Le Danemark, pour sa part, travaille à un système dans lequel chaque appareil doté d’un compteur d’électricité, comme le chargeur d’une voiture électrique, pourra avoir son propre fournisseur d’électricité (une approche appelée « supply split »). Pour accompagner et faciliter le développement de telles technologies, Elia continuera de travailler en étroite collaboration avec des gestionnaires de réseau de distribution, des fournisseurs, des régulateurs, des organisations sectorielles et les autorités, afin de supprimer les obstacles existants et de mettre en place un modèle de marché efficace. 

« La transition énergétique et le développement de l’énergie photovoltaïque sont de bonnes nouvelles pour notre indépendance énergétique et pour la planète. Cependant, elles placent aussi notre système face à plusieurs défis, sur le plan de la capacité de réseau et de la stabilité. Ces défis peuvent être surmontés, à condition que l’on injecte d’urgence davantage de flexibilité dans le système, et que l’on valorise cette flexibilité. Il en résultera une situation win-win tant pour le réseau que pour les consommateurs. »
James Matthys-Donnadieu, Chief Customers, Markets & System Officer


Jean Fassiaux
Porte-parole FR Elia Belgique
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