27 mars 2025

Les gestionnaires de réseau Elia et Fluvius renforcent leur plan d’action pour éviter les congestions liées aux entreprises

BRUXELLES | En Flandre, le nombre de demandes de raccordements industriels plus conséquents au réseau de distribution et au réseau de transport local d’électricité (30-70 kV) a considérablement augmenté en peu de temps. Les nouvelles technologies, comme les data centers et les batteries industrielles, alourdissent encore la pression exercée sur le réseau électrique. Sans oublier qu’il n’est pas évident pour les gestionnaires de réseau d’estimer quand, où et dans quelle mesure les entreprises flamandes voudront électrifier leurs activités. Autant de facteurs qui, pour la première fois, entraînent une congestion locale sur le réseau. Résultat : les demandes de raccordements plus conséquents formulées par des entreprises ne peuvent pas être satisfaites immédiatement. Afin de soutenir au maximum les plans d’investissement de ces entreprises, Elia et Fluvius ont décidé de renforcer leurs plans d’action pour éviter les congestions, en permettant notamment un accès flexible aux réseaux électriques. Les raccordements basse tension, comme ceux demandés par les particuliers, ne posent quant à eux aucun problème.

Les effets de la transition énergétique se manifestent de plus en plus au niveau du réseau électrique. Les combustibles fossiles sont abandonnés au profit de solutions électriques alternatives. Cette tendance s’observe chez les particuliers, qui roulent en voiture électrique et équipent leur habitation d’une pompe à chaleur, mais aussi et surtout chez les entreprises et dans l’industrie. Par exemple, des bornes de recharge (rapide) sont installées sur les sites industriels et les entreprises remplacent leurs boilers au gaz par des appareils électriques pour la production de vapeur et d’eau chaude. Depuis plusieurs années déjà, les gestionnaires de réseau Elia et Fluvius tiennent compte de cette évolution attendue et ont adapté leurs plans d’investissement en conséquence. Cette décennie, ils investiront ainsi respectivement €4,8 et €11 milliards dans les réseaux à haute tension et de distribution en Flandre. Mais étant donné que le nombre de demandes de raccordements industriels plus conséquents connaît une hausse soudaine en Flandre, d’autres mesures s’imposent.

Le résultat de réglementations plus strictes à l’étranger

En parallèle de la transition énergétique, Elia et Fluvius constatent une autre tendance : les demandes de très grandes capacités pour la mise en place de nouvelles technologies, comme d’énormes data centers et des batteries industrielles qui n’interagissent pas de manière flexible avec le réseau, se multiplient. Il est possible que la Flandre subisse les effets de conditions plus strictes adoptées récemment par les Pays-Bas et l’Allemagne en ce qui concerne les data centers et les parcs de batteries de ce type. En Belgique, ces conditions ne sont pas (encore) en vigueur, ce qui pousse les promoteurs à venir développer leurs projets chez nous. Cette situation, à laquelle s’ajoutent les besoins des entreprises, vient peser encore plus sur le réseau électrique belge et flamand. À titre d’exemple, une puissance de 24 MVA a récemment été demandée sur un seul et même site pour un projet de data center, ce qui représente la moitié de la capacité totale d’un transformateur standard entre les réseaux Elia et Fluvius.

Qui électrifie quoi, où et quand ?

La difficulté de prédire l’électrification des entreprises constitue un autre défi. Les plans d’investissement d’Elia et Fluvius se basent sur des suppositions fiables, pour l’industrie également, et prévoient les actions adéquates. Malgré ces investissements conséquents dans le réseau électrique flamand, il est actuellement impossible pour les gestionnaires de réseau de savoir précisément quelle entreprise introduira une demande de capacité à quel endroit, à quel moment et pour quelle application. Il en résulte que le réseau électrique n’est, par endroits, pas suffisamment renforcé pour répondre aux demandes de raccordements industriels dépassant 1 MVA.

Chez Fluvius, une vingtaine de demandes sont concernées, contre quinze dossiers chez Elia. Les lignes à haute tension et les postes de transformation qui relient le réseau à haute tension d’Elia et le réseau de distribution de Fluvius ne disposent actuellement pas de la capacité nécessaire pour accorder à ces demandeurs un raccordement classique pour de grands volumes.

Les raccordements basse tension, comme ceux demandés par les particuliers, ne posent quant à eux aucun problème.

« Les plans d’investissement d’Elia tiennent compte de l’électrification considérable de notre industrie. Au cours de ces dernières années, nous avons investi de manière accélérée dans le renforcement de nos réseaux. En 2020, la somme totale consacrée au réseau à haute tension flamand s’élevait à un peu moins de €200 millions. L’année dernière, ce montant avait doublé, et nous prévoyons €600 millions d’investissements cette année. En raison de longues procédures d’octroi de permis et d’une pénurie sur le marché de l’approvisionnement, nos projets prennent plus de temps, et nous ne pouvons donc pas garantir que toutes les améliorations du réseau seront terminées à temps. C’est la raison pour laquelle Elia et Fluvius travaillent de manière proactive à un plan d’action visant à limiter au maximum l’impact de ces retards sur les ambitions d’électrification des entreprises. »
James Matthys-Donnadieu – Chief Customers, Markets & System Officer chez Elia

« Il faut aussi prendre en compte l’impact supplémentaire des data centers qui demandent des capacités particulièrement élevées et des projets impliquant des batteries qui, après raccordement, ne peuvent pas interagir de manière flexible avec le réseau. C’est un problème que nous devons résoudre. En notre qualité de gestionnaires de réseau, il nous est aussi impossible, à l’heure actuelle, de savoir précisément quelle entreprise aura besoin d’une capacité, à quel endroit et à quel moment, pour quelle application. Les plans d’investissement dans les réseaux électriques n’ont par conséquent pas toujours un effet immédiat aux endroits où des demandes concrètes de capacités accrues sont déjà formulées par les entreprises. Un dossier de demande ne peut donc pas être approuvé ‘comme ça’. »
Raf Bellers – Responsable de la gestion du réseau chez Fluvius

Éviter la congestion en adaptant la consommation

Concrètement, Elia et Fluvius n’ont identifié que peu de situations problématiques. Seulement 16 des 235 postes de transformation flamands reliant le réseau à haute tension et le réseau de distribution sont concernés.

Si, à ces endroits en particulier, on autorisait des entreprises à bénéficier de nouveaux raccordements « classiques » au réseau électrique, il se pourrait qu’une congestion locale apparaisse à plusieurs moments de l’année. On peut comparer la congestion à des embouteillages : si toutes les entreprises utilisent la capacité électrique qui leur a été allouée au même moment, on assistera à une congestion (ou une saturation du réseau) temporaire au niveau local.

Si Elia et Fluvius ne font rien et si le contexte sociétal ne change pas, le nombre de lignes à haute tension et de postes de transformation sujets à la congestion pourrait grimper rapidement. Comme le renforcement des postes de transformation, des lignes à haute tension et des réseaux de distribution demande du temps, Elia et Fluvius ont mis au point un plan d’action commun pour que les entreprises puissent poursuivre leur développement économique dans l’attente d’une solution définitive.

Un plan d’action en cinq points pour optimiser la capacité du réseau 

Le nouveau plan d’action comprend une série de mesures techniques, tant à court qu’à long terme.

  • Les mesures à court terme sont nécessaires pour pouvoir, dès aujourd’hui, répondre aux besoins des entreprises, identifier précisément le problème et, surtout, favoriser la flexibilité.
  • Les mesures à long terme, quant à elles, permettront d’adapter complètement le système électrique à l’électrification grandissante. Elles concernent des investissements dans les infrastructures en tant que telles.

Voici les cinq mesures prévues :

  1. Des mesures à court terme basées sur la flexibilité de marché, qui seront déjà mises en place au printemps, en attendant la mise en place de la mesure 2 du plan d’action. 
    Chez Fluvius, cela prend la forme d’un nouveau produit de marché temporaire « fallback flex » sur le réseau de distribution. Ce produit permettra aux entreprises qui se trouvent dans une zone sujette aux congestions d’intégrer un marché de flexibilité local pour bénéficier de la capacité supplémentaire demandée dans la zone. La consultation publique pour ce projet vient de se terminer. Il revient maintenant au régulateur flamand d’approuver, ou non, ce produit.
    Quoi qu’il en soit, ce produit « fallback flex » offre une solution temporaire aux dossiers d’entreprise qui sont en cours de traitement chez Fluvius et Elia, et permettra aux entreprises flamandes de pouvoir continuer à électrifier leurs activités dans les mois et années à venir.
    En ce qui concerne le réseau flamand d’Elia (30-70 kV), on travaille aussi actuellement à une solution intermédiaire similaire qui offrira aux entreprises une possibilité de raccordement flexible à court terme.

  2. Un contrat de raccordement flexible au réseau de distribution et au réseau flamand d’Elia (30-70 kV).
    La consommation électrique des entreprises dépend largement des processus de l’entreprise en question. Une entreprise n’a, en effet, pas besoin à tout moment de toute la capacité que permet son raccordement. Souvent, les entreprises passent de l’électricité (par ex. des boilers électriques) à d’autres sources d’énergie (comme le gaz ou la cogénération).
    Un raccordement flexible, décidé de manière bilatérale et contractuelle entre le gestionnaire de réseau et l’entreprise (contrairement à la flexibilité de marché), permettra, par modulation, d’aligner la consommation souhaitée de l’entreprise sur la capacité disponible au même moment. Ainsi, davantage d’entreprises pourront utiliser le réseau. Ce principe existe déjà sur le réseau à haute tension d’Elia (à partir de 110 kV), mais devrait aussi être possible sur le réseau de distribution flamand et sur le réseau flamand d’Elia (30-70 kV). Les autorités flamandes travaillent au cadre régulatoire qui accompagnera ce raccordement flexible, conformément à la directive européenne EMD5. Les gestionnaires de réseau pourront proposer des contrats de raccordement flexible dès que ce cadre aura été défini.

  3. Une plus grande capacité autorisée sur le réseau à haute tension. Elia examine actuellement comment les postes de transformation entre son réseau à haute tension et le réseau de distribution de Fluvius pourraient être gérés de sorte à pouvoir dépasser leurs limites actuelles, de manière temporaire et sûre. Ces postes pourront ainsi supporter une charge plus importante, et leur potentiel pourra être maximisé.

  4. Des mesures de précaution pour mieux exploiter le réseau de distribution. Ces mesures permettront de répartir sur plusieurs postes de transformation la « pression » exercée sur le réseau électrique, en répartissant la charge entre les postes de transformation. Ainsi, on pourra ajouter de la capacité où et quand c’est nécessaire. Cela peut cependant avoir un impact sur la qualité de la tension, et il convient d’éviter les longues pannes du réseau après un incident. Il faut donc procéder de manière prudente et réfléchie.

  5. Des investissements dans les postes de transformation, le réseau à haute tension et le réseau de distribution. Les étapes de ces investissements sont déjà incluses dans les plans d’investissement d’Elia et Fluvius, qui consacreront cette décennie respectivement €4,8 et €11 milliards aux réseaux à haute tension et de distribution en Flandre. Au début du mois de juin, Fluvius présentera la nouvelle version de son plan d’investissement dans les réseaux de distribution. Elia fera de même avec son plan de développement régional pour la Flandre à l’été 2025.

Le projet energieGRIP pour détecter plus rapidement les besoins

Outre des initiatives sur le plan technique, les relations avec les entreprises doivent aussi être renforcées, afin d’avoir une vue plus claire de la façon dont les moyennes et grandes entreprises flamandes voient leur transition énergétique. L’année dernière, dans les communes de Bornem et Puurs-Sint-Amands, un projet pilote a déjà été mené par Elia, Fluxys, Fluvius et l’entreprise flamande de données Athumi, sous le nom energieGRIP.
Ces partenaires ont décidé d’élargir ce projet en 2025, en créant une équipe commune d’experts dont la mission consistera, au cours de l’année à venir, à collaborer de manière proactive avec les plus grandes entreprises flamandes sur le réseau de distribution, en vue d’identifier efficacement leurs besoins en énergie.

Nouvelles pages web

En parallèle, Elia et Fluvius lancent aujourd’hui sur leurs sites web de nouvelles pages destinées aux entreprises. Sur elia.be/netcongestie et fluvius.be/netcongestie, les entreprises intéressées découvriront ainsi ce que la nouvelle situation et le plan d’action concernant la congestion signifieront pour elles. Elles y trouveront également des informations détaillées concernant la capacité des réseaux Elia et Fluvius, ainsi que les personnes à contacter en cas de questions.

En concertation avec les autorités flamandes

En parallèle des actions prévues par Elia et Fluvius, il reste important, au cours des prochaines années, de faire des choix sociétaux plus judicieux en termes d’accès au réseau électrique. Actuellement, les gestionnaires de réseau sont légalement tenus d’appliquer le principe de « premier arrivé, premier servi » : la personne qui introduit en premier une demande valable sur le plan technique reçoit la capacité électrique demandée.

Elia et Fluvius sont en contact avec les autorités flamandes pour réfléchir à la meilleure façon de procéder en Flandre, et ainsi optimiser l’implantation des data centers, des parcs de batteries et des raccordements lourds dans le réseau électrique flamand.

"De plus en plus d'entreprises passent des combustibles fossiles polluants à des énergies propres et durables comme l'électricité. Et c'est une bonne chose pour notre planète et notre portefeuille. Ainsi, nous devenons moins dépendants des vieilles énergies polluantes provenant de pays douteux comme la Russie. Nous constatons que le rythme auquel nos entreprises s'électrifient est parfois plus rapide que celui auquel le réseau électrique peut être adapté. Et cela augmente la pression sur notre réseau électrique. Il est bon que les gestionnaires de réseau prennent déjà des mesures proactives pour éviter une saturation possible, notamment en renforçant le réseau. En outre, nous devrons également prendre des mesures supplémentaires en Flandre. Nous travaillons ainsi à un cadre juridique permettant aux gestionnaires de réseau et aux entreprises de travailler avec des contrats de raccordement flexibles. Toutes les entreprises n'ont pas besoin de la pleine capacité électrique en même temps. Parfois, une capacité inférieure suffit, ce qui n'est pas possible aujourd'hui. En rendant cela possible, plus d'entreprises pourront se raccorder. De plus, nous cartographierons également la demande des entreprises afin de mieux estimer la demande d'énergie à l'avenir."
Melissa Depraetere, ministre flamande de l'Énergie



Jean Fassiaux
Porte-parole FR Elia Belgique
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