24 septembre 2024
Elia publie un Blueprint sur le système électrique belge comme étape vers une stratégie à long terme pour une politique énergétique durable et compétitive d’ici 2050
BRUXELLES | Le paysage énergétique belge va connaître une immense transformation au cours des 25 prochaines années mais les prévisions sont néanmoins positives. D’ici 2050, la consommation énergétique des bâtiments, du transport et de l’industrie va diminuer d’environ 40%. Ce gain d’efficacité est principalement lié à l’électrification accrue. Bien que les molécules restent indispensables pour une partie de notre industrie, le gestionnaire de réseau Elia prévoit que la consommation électrique en Belgique va plus que doubler d’ici 2050. Avec le parc de production actuel en Belgique et les investissements déjà décidés, seule la moitié de ce qui sera nécessaire à terme pourra être couverte. Les nouveaux gouvernements devront donc rapidement se pencher sur le mix énergétique souhaité pour la période 2035-2050 et le degré auquel notre pays veut dépendre des importations. Le Blueprint d’Elia offre des éclairages qui peuvent les y aider.
2050 n’est plus si loin
Dans les 25 prochaines années, l’économie belge va rapidement réduire son utilisation des combustibles fossiles. Une transition résolue vers l'électrification ou les molécules bas carbone (hydrogène, méthane, ammoniaque, etc.) si l’électrification n’est pas possible aura lieu. Il s'agit d’un changement sociétal drastique qui doit être correctement préparé afin que les étapes finales de la transition énergétique puissent avoir lieu de la manière la plus durable et la plus efficace en termes de coûts.
Avec son rapport « Belgian Electricity System Blueprint 2035-2050 », le gestionnaire de réseau Elia s’intéresse à un avenir plus lointain que le délai habituel de 10 ans considéré dans les rapports relatifs à la sécurité d'approvisionnement ou au développement du réseau. Le modèle de calcul de cette étude quantifie pour la première fois l’ensemble du système énergétique. Le rapport tient donc à la fois compte de l'électricité et des molécules, mais aussi des conséquences économiques et techniques des variations du mix énergétique.
Étant donné le long délai (minimum 10 ans) pour développer l'infrastructure de production et de transport à grande échelle, il faut rapidement une vision à long terme qui donne le cap pour le futur éloigné. Le rapport montre déjà qu’une absence de décision est l'option la plus coûteuse quel que soit le scénario et que notre dépendance aux importations d'électricité double en 2050 (par rapport à 2020).
Une production domestique bas carbone insuffisante
Grâce aux récentes décisions politiques (développement de la zone éolienne offshore Princesse Elisabeth, prolongation des centrales nucléaires, etc.), la production d'électricité bas carbone en Belgique va considérablement augmenter dans les prochaines années. Mais avec la demande électrique croissante, cela ne sera déjà plus suffisant dans 10 ans. Faute de nouvelles politiques, nous constatons que la dépendance de la Belgique aux importations d'électricité va sans cesse augmenter : 50 à 60 TWh en 2036 et 70 à 90 TWh en 2050.
Sans stratégie à long terme pour le futur mix énergétique ni nouvelles mesures, la Belgique va renforcer sa dépendance aux importations d'électricité. Dans un marché électrique européen intégré, l'échange d'électricité est une pratique courante. Toutefois, le niveau de dépendance que nous voulons viser doit faire partie d’une stratégie mûrement réfléchie. Ce choix a en effet des conséquences sur le prix de l’électricité, la balance commerciale et notre autonomie en matière d'énergie, le climat, la politique industrielle et la fiscalité.
Une combinaison stratégique de différentes sources
Bien que sa production renouvelable domestique soit insuffisante à terme, la Belgique a tout intérêt de développer au maximum son potentiel photovoltaïque et éolien (onshore et offshore). Différents scénarios d’avenir montrent que la production renouvelable domestique a un effet favorable sur le coût du système électrique, qui comprend la construction, l’entretien mais aussi les coûts pour le bon fonctionnement du système.
Pour combler le déficit de production renouvelable domestique, il existe plusieurs options. Dans notre « scénario central », l'éolien offshore non domestique est une source d'électricité à grande échelle additionnelle plus efficace en termes de coûts que de nouvelles unités nucléaires. Mais l'étude a aussi calculé d'autres scénarios qui arrivent à d’autres résultats à la suite d’une analyse des sensibilités. Il y a donc encore une grande incertitude quant aux coûts futurs des technologies et, en particulier pour l’énergie nucléaire, quant à la réussite des développements technologiques planifiés.
C’est la raison pour laquelle il faut tenir compte de plusieurs éléments et stratégies de diversification pour déterminer le futur mix énergétique. Des accords internationaux sont entre autres nécessaires en matière de planification et de financement pour le développement de l’éolien offshore non domestique. Et bien que de nouvelles unités nucléaires semblent aussi être une solution envisageable, elles s’accompagnent de défis spécifiques en matière de sécurité, de localisation, de complexité et de financement.
"Avec ce Blueprint, Elia publie pour la première fois une étude sur l'ensemble du système énergétique, qui couvre à la fois l'électricité et les molécules. Elia ne prend pas position quant au futur mix énergétique mais appelle les responsables politiques à travailler rapidement à une vision à long terme. Celle-ci est en effet déterminante pour le prochain Plan de Développement fédéral 2028-2038 d’Elia qui décrit le développement ultérieur du réseau à haute tension en Belgique. Miser davantage sur l'éolien offshore éloigné demande des renforcements réseau spécifiques différents de ceux nécessaires si on opte pour de nouvelles centrales nucléaires. Ce rapport n’est pas uniquement le travail des experts d’Elia. Nous avons reçu des contributions précieuses de divers représentants du secteur de l’énergie et d’universitaires qui ont aussi donné leur avis sur les résultats. Leur apport nous a offert une réelle valeur ajoutée”.
Frédéric Dunon, CEO d’Elia Transmission Belgium